Mes hormones me font-elles prendre du poids?

Par Vanessa Daigle, nutritionniste et fondatrice des cliniques VD Nutrition

C’est une question qu’on nous pose toutes les semaines, souvent avec un mélange de découragement et d’incompréhension : « J’ai l’impression de tout faire correctement, mais je prends quand même du poids… est-ce que c’est à cause de mes hormones? »

Juste pour vous mettre en contexte, les scientifiques ont développé une cartographie du système de l’obésité et ont identifié plus de 100 variables interconnectées qui influencent l'obésité, dont environ ¼ sont d’origine biologique, ¼ sont d’origine comportementale et ½ environnementale.




C’est donc sans vous promettre d’aborder toutes les causes que je vous résume ce qui, selon mon expérience comme nutritionniste-diététiste, affecte le plus souvent les femmes qui prennent du poids autour de la ménopause. Dans cet épisode de balado, Dre Manon Charlebois et moi, on décortique 4 éléments-clés qui, selon notre expérience, accentuent le gain de poids autour de la ménopause:

  1. La résistance à l’insuline

  2. La diminution du métabolisme de base

  3. L’effet domino des symptômes de péri-ménopause

  4. Le comportement fixe dans le temps

1. La résistance à l’insuline

Avec la chute naturelle des œstrogènes à la ménopause (voir les fluctuations imagées ici), le corps devient moins sensible à l’insuline. Le glucose circule donc plus longtemps dans le sang avant d’être utilisé, ce qui favorise le stockage sous forme de graisse et particulièrement au niveau abdominal.

C’est un changement biologique normal. La clé, c’est de réapprendre à stabiliser la glycémie grâce à des repas équilibrés, riches en fibres, protéines, plutôt qu’en cherchant à tout éliminer. Je vous en parle davantage ici et ici.

2. La diminution du Métabolisme de base

Dans les 2 à 5 années entourant la ménopause (ce qu’on appelle la péri-ménopause), la production de testostérone et d’hormone de croissance diminue graduellement. Ce changement hormonal entraîne de la perte de masse musculaire (la sarcopénie), ce qui fait chuter le métabolisme de base.

Le corps dépense alors un peu moins d’énergie, ce qui rend la prise de poids plus facile… mais pas inévitable. Le mouvement devient ici un outil thérapeutique, en particulier les entraînements en résistance. Et pour préserver sa masse musculaire dans un moment qui tend à nous en faire perdre, la nutrition doit fournir suffisamment de calories, de glucides et de protéines, le tout distribué de manière adéquate dans la journée. Ce n’est pas du tout le bon moment de faire des régimes!

Saviez-vous que 👉 25% du poids que vous perdez lors d’une perte de poids rapide est en fait de la masse musculaire? C’est entre autres pour cela que les yo-yo de poids sont si néfastes.

Et ça peut même monter à 40% de la perte qui est en muscles lorsque la perte de poids est basée sur les médicaments anti-obésité comme les agonistes du GLP-1 (Semaglutide, Ozempic, Wevogy, Zepbound et autres).

Source: Conte C, Hall KD, Klein S. Is Weight Loss–Induced Muscle Mass Loss Clinically Relevant? JAMA. 2024;332(1):9–10. doi:10.1001/jama.2024.6586

3. L’effet domino des symptômes de péri-ménopause

Les envies de sucre sont fréquemment rapportées comme symptôme de SPM et de péri-ménopause. Elles traduisent souvent un besoin physiologique ou émotionnel. Mais aussi…

▶ Manque de sommeil? La privation de sommeil augmente la ghréline (hormone de la faim) et diminue la leptine (hormone de la satiété).

▶ Stress chronique ou anxiété? Le corps recherche de la dopamine. Et le sucre en est une source rapide, tellement accessible et tellement efficace!

À travers tout ce qu’on vit durant cette période, on manque parfois de motivation pour cuisiner, de repères pour manger selon nos besoins et d’énergie pour bouger. Ça devient plus tentant de commander du resto rapide ou des repas pré-faits. C’est un effet domino!

4. Le comportement fixe dans le temps

Au fil des années, on accumule des réflexes: manger vite, ignorer les signaux de faim, associer la nourriture à la performance cognitive. Ces automatismes se solidifient, surtout quand le déséquilibre hormonal de la péri-ménopause s’installe en plus de tout le reste.


Un mot sur l’hormonothérapie

L’hormonothérapie de remplacement ne “fait pas perdre du poids”, mais elle peut indirectement freiner les causes du gain de poids :

  • en réduisant les bouffées de chaleur et les troubles du sommeil,

  • en diminuant le stress et l’anxiété,

  • et en stabilisant certaines fluctuations métaboliques.

C’est un outil parmi d’autres. À discuter avec ton médecin ou ta gynécologue, selon ta situation et tes besoins!




D’ailleurs 👉 savais-tu que tu pouvais consulter une infirmière spécialisée en santé de la femme même sans prescription médicale?




Voici une clinique qui le fait bien: https://cliniqueovelle.ca/ 


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Je te suggère de poursuivre ta réflexion en écoutant mon balado 🎧 Hormones et alimentation

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