Perturbateurs endocriniens: faut-il s’en inquiéter?

On en entend parler partout: dans les médias, sur TikTok, dans les allées de produits naturels… mais qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien, au juste? Et surtout, faut-il s’en inquiéter?

Si vous suivez VD Nutrition depuis un moment, vous savez qu’on aime rendre la science concrète, sans la dramatiser. Parce que oui, certains produits chimiques peuvent influencer notre système hormonal. Mais non, ça ne veut pas dire qu’il faut vider sa cuisine ou jeter tous vos cosmétiques ce soir. 

Soyons réalistes. Éviter complètement les perturbateurs endocriniens (PE) est tout simplement utopique. L’organisation mondiale de la santé estime qu’il y a près de 800 substances suspectées d’interférer avec notre fonctionnement hormonal.

Référence: 

World Health Organization, & United Nations Environment Programme. (2013). State of the Science of Endocrine Disrupting Chemicals 2012 (An assessment of the state of the science of endocrine disruptors prepared by a group of experts for the United Nations Environment Programme and World Health Organization). Geneva: WHO Press.

D’abord, comprendre

Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances capables d’interférer avec le fonctionnement de nos hormones. Ils peuvent, entre autres:

  • imiter nos hormones naturelles, un peu comme un jumeau qui occupe la place dans les récepteurs cellulaires

  • bloquer leur action, empêchant les messages hormonaux d’atteindre leurs cibles

  • perturber leur production, leur transport ou leur élimination

On les retrouve où dans notre quotidien?

Partout… mais pas partout au même degré! Pour en nommer que quelques-uns, les perturbateurs endocriniens se cachent dans:

  • certains plastiques alimentaires (bouteilles, sacs ziploc, pellicules Saran, plats en plastique pour les lunch) contenant bisphénols

  • des additifs ou pesticides présents dans les aliments

  • des cosmétiques et produits pour les ongles contenant parabènes, PFAs et phtalates

  • des produits ménagers contenant des parabènes, phénoxyéthanols, fragrances, phtalates, alkyphénols et formaldéhydes

  • de la peinture contenant des PFAs

7 habitudes à re-questionner pour réduire son exposition aux perturbateurs endocriniens


1. Boire dans une bouteille d’eau en plastique

Les bouteilles en plastique, surtout si réutilisées plusieurs fois, peuvent libérer de petites quantités de microplastiques et de composés chimiques dans l’eau.

2. Couper les aliments sur une planche de plastique

Une étude récente montre que les planches à découper en polypropylène et en polyéthylène libèrent entre 7 et 50 g de microplastiques par an! Ces minuscules fragments, invisibles à l’œil nu, peuvent se retrouver dans nos assiettes, surtout lorsqu’on coupe des aliments directement sur la planche.

Des recherches récentes suggèrent que ces microplastiques ne se contentent pas de passer dans notre système digestif. Ils pourraient influencer la composition de notre microbiote intestinal en réduisant certaines bactéries bénéfiques comme les lactobacilles. Ce déséquilibre est soupçonné d’avoir des répercussions sur la mémoire, l’humeur, même la gestion du stress et l’homéostasie hormonale.

Références:

Bai C.L., Liu L.Y., Guo J.L., Zeng L.X., Guo Y. (2022). Microplastics in take-out food: Are we over taking it? Environmental Research, 215(Pt 3):114390. doi: 10.1016/j.envres.2022.114390

Wang J. et al. (2024). Oxidized/unmodified-polyethylene microplastics neurotoxicity in mice: Perspective from microbiota–gut–brain axis. Environmental International, 185:108523. doi: 10.1016/j.envint.2024.108523


3. Ne pas rincer ses fruits et légumes

Certains pesticides comme les néonicotinoïdes sont encore utilisés au Mexique et ailleurs pour protéger les cultures et augmenter les rendements, mais leur impact sur la santé est inquiétant.

4. Ne pas tenir compte des colorants alimentaires dans la liste d’ingrédients des produits du commerce

Certains colorants alimentaires synthétiques comme le rouge numéro 3 (érythrosine) et le jaune numéro 5 (tartrazine), ont démontré dans des études de laboratoire une activité hormonale, pouvant imiter ou bloquer l’action d’hormones comme les œstrogènes, les androgènes ou les hormones thyroïdiennes. Bien que les quantités consommées dans les aliments soient faibles et que les aliments qui sont colorés avec ces substances ne devraient pas être d’usage quotidien, leur accumulation par une alimentation très transformée peut perturber l’équilibre endocrinien à long terme. Mieux vaut donc réserver les aliments contenant des colorants artificiels à une consommation occasionnelle, et privilégier les produits peu transformés ou naturellement colorés.

5. Utiliser les sacs Ziploc et pellicules plastiques à chaud et à froid

Les sacs de plastique comme les Ziploc (faits de polyéthylène) libèrent des microplastiques lorsqu’ils sont exposés à la chaleur du micro-ondes ou avec des aliments encore chauds qu’on y conserve. Même chose pour la congélation.

6. Nettoyer avec des produits chimiques

Derrière le sentiment de propreté qu’on associe à une odeur de citron ou de lavande se cachent parfois des molécules… beaucoup moins rafraîchissantes. Les produits nettoyants antibactériens 🧽 qu’on utilise pour les comptoirs, la vaisselle ou le lavabo contiennent souvent des substances capables d’interférer avec nos hormones tels que les triclosans, quats (ammoniums quaternaires), parabènes, phtalates et nonylphénols. Ces substances sont ajoutées pour tuer les bactéries, stabiliser les parfums ou prolonger la durée de vie du produit.

Ces composés peuvent imiter ou bloquer les hormones naturelles, notamment les œstrogènes et la thyroxine (hormone thyroïdienne). Avec une exposition répétée (inhalation, contact cutané, micro-résidus sur la vaisselle), ils sont associés à:

  • une altération de la fonction thyroïdienne

  • des troubles de fertilité (diminution des hormones sexuelles, qualité du sperme ou de l’ovulation)

  • et des effets métaboliques touchant le foie et le système nerveux.

Même les vaporisateurs parfumés comme Febreze peuvent contenir du BHT (butylated hydroxytoluene) et du N-méthylpyrrolidone (NMP) — deux substances présentement à l’étude pour leurs effets potentiels sur les hormones thyroïdiennes et la reproduction.

Et attention aux extraits de lavande naturelle:  certaines huiles essentielles (lavande, tea tree) renferment naturellement des composés à activité œstrogénique et anti-androgénique. Dans certains cas documentés, leur utilisation répétée (savons, diffuseurs, lotions) a été liée à des signes de puberté précoce chez les enfants. Des effets heureusement réversibles à l’arrêt de l’exposition.

7. Utiliser des poêles antiadhésives endommagées ou surchauffées

Les poêles antiadhésives ont longtemps été célébrées comme un miracle de la cuisine moderne: rien ne colle, tout se nettoie en un clin d’œil. Mais derrière cette prouesse se cache une famille de molécules qui soulèvent aujourd’hui beaucoup de questions: les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAs)

Plusieurs PFAS sont désormais reconnus comme perturbateurs endocriniens et possiblement cancérigènes (classification 2B de l’OMS). Les études les relient à :

  • des troubles thyroïdiens

  • une altération de la fertilité et du développement embryonnaire

  • des changements métaboliques (hausse du cholestérol, foie gras)

  • et même une réponse immunitaire affaiblie chez les enfants exposés

🧪 Voici la différence entre les acronymes qu’on voit souvent:

  • PFAs → c’est le grand groupe de plus de 4700 composés chimiques dont fait partie le PFOA et le PTFE. On les appelle les “produits chimiques éternels”, car ils ne se dégradent pas facilement.

  • PTFE (polytétrafluoroéthylène) → c’est le nom du revêtement antiadhésif lui-même, plus connu sous le nom commercial Téflon.

  • PFOA (acide perfluorooctanoïque) → c’est une substance chimique qui servait à fabriquer le Téflon avant 2013. Elle a été retirée du marché parce qu’elle persistait dans le corps humain et l’environnement.

Sur le plan hormonal, les PFAs perturbent la communication entre les glandes endocrines et peuvent dérégler la production d’œstrogènes et de testostérone. Ces effets sont subtils, mais cumulatifs, et semblent accentués chez les femmes en période de transition hormonale (grossesse, périménopause).

Référence:

Popoff, Mélanie. Les Perturbateurs Endocriniens : on arrête tout et on réfléchit. Édition française, Format Kindle, 2025.

Conclusion

Réduire son exposition aux perturbateurs endocriniens, c’est apprendre à faire des choix plus simples et conscients dans ce qu’on mange, ce qu’on cuisine et ce qu’on utilise chaque jour. Ces précautions sont particulièrement importantes si tu traverses une période où ta santé hormonale est mise à l’épreuve, que ce soit une hypo ou hyperthyroïdie, la périménopause, des symptômes de SPM, des difficultés de fertilité ou tout simplement pour tes enfants et adolescents à la maison. Dans ces contextes, les hormones sont déjà tiraillées. Un environnement plus sain peut donc réellement soutenir ton bien-être global.

Comme en alimentation, chaque petit geste compte, surtout parce qu’on les répète chaque jour.

Si tu veux comprendre comment ajuster ton alimentation pour soutenir ta santé hormonale, nos nutritionnistes peuvent t’aider avec un accompagnement personnalisé.

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